Jeudi 20 mars, en ce premier jour de printemps, des élèves de première et de terminale, des personnels du lycée s’installent dans la salle polyvalente de notre établissement pour y accueillir bientôt un vent de fraîcheur.
En cette semaine des mathématiques, le peintre Reg Alcorn accueille le public devant une toile noire qui n’attend plus que la magie de ses coups de pinceaux.
En musique, apparaissent bientôt devant un public attentif, silencieux, quatre cercles entourant un hexagone. Des mots s’invitent sur la toile GEOMETRIA, ARITHMETICA, le pouvoir des nombres et plus tard MUSICA , ASTRONOMIA. Reg Alcorn positionne des points, nous nous interrogeons : que prépare notre artiste ?
Une suite de nombres s’épanouit en spirale sur la gauche du tableau. À peine l’auditoire a-t-il eu le temps de reconnaître ces nombres, pour les plus connaisseurs d’entre eux, que ceux-ci s’effacent, aspirés par une nébuleuse stellaire. On ne peut que penser subrepticement à l’école pythagoricienne pour laquelle le monde est nombre.
Les lumières de la salle s’éteignent soudain pour céder la place aux couleurs fluorescentes, hypnotiques utilisées par le peintre. Devant un public tout acquis à ses prouesses, Reg Alcorn va poursuivre son œuvre pour donner vie aux quatre muses du quadrivium.
L’espace d’un instant, le temps d’une œuvre, nous aurons fait une plongée dans le Moyen-âge. L’enseignement médiéval plaçait la foi au centre de toute connaissance et les arts libéraux en propédeutique à l’étude de la théologie.
Héritage de l’Antiquité, les arts libéraux regroupaient sept arts personnifiés par des muses, distribués en deux cycles :
- le trivium grammaire, rhétorique et dialectique (les sciences du langage)
- le quadrivium arithmétique, musique, géométrie et astronomie (les disciplines scientifiques)
Fin de prestation, la lumière des néons réapparaît, l’assistance, elle, n’est pas encore redescendue de son nuage. Reg Alcorn nous présente le sujet de son inspiration : un livre d’enseignement du Moyen-âge. Malgré sa sympathie, et ses encouragements, nous ne pauserons pas de question. Mais nos jeunes le savent, Reg Alcorn a trois pages facebook. Sans doute seront-ils moins timides avec cet outil de leur temps.
« Si l’on ne garde que la surface des objets du quotidien, on obtient une multitude d’objets mathématiques, accessibles par leurs équations. Les mathématiciens de la fin du XIXe siècle savent les classer (à déformation continue près), en comptant le nombre de trous : 1 pour le beignet et la tasse à anse, 3 pour le bretzel, 0 pour le bol et l’orange... »